Parfois spécieusement qualifiées d’« incivilités », des violences commises sur une personne chargée de mission de service public ont retenu l’attention du tribunal judiciaire de Brest, ce vendredi. Leur auteur, un homme de 28 ans, les a commises en octobre 2021 et en mars 2022 sur une contrôleuse et un chauffeur des transports en commun brestois. Il s’est présenté sans avocat devant la juridiction.
Coup de poing à une contrôleuse et tentative d’agression d’un chauffeur
Filiforme dans un survêtement élimé, le prévenu semble partout, sauf dans le prétoire. Alors qu’il est toujours ivre lors des faits, la présidente Nathalie Le Borgne lui demande pourquoi il boit autant. Après un long silence, il soupire : « À cause de la mort de mon père ».
« Le décès est récent ? », s’inquiète la juge. Les yeux dans le vague, il lui répond : « Je ne me rappelle pas ». Sur les faits, il ne se souvient pas avoir asséné un coup de poing à une contrôleuse. « Vous êtes défavorablement connu des contrôleurs », lui rappelle la magistrate. En réponse, quelques mots sont nonchalamment lâchés : « Ils ne m’aiment pas ! ».
De même, sa mémoire s’est évaporée quant à la tentative d’agression sur un chauffeur après avoir incommodé les occupants d’un bus, avec un volume de musique insupportable. « N’est-ce pas inquiétant d’oublier ainsi les choses ? », risque la présidente. Le murmure « Oui, madame » paraît la décourager de poursuivre l’interrogatoire.
« Il faut une peine qui ait du sens »
« Le bus n’est pas un défouloir ! ». Par ces paroles, Me Florence Stricot, l’avocate des parties civiles, commence sa plaidoirie. L’homme s’éloigne alors de la barre pour déambuler dans la salle d’audience. Vite rappelé à l’ordre, il s’assied et rit quand le conseil sollicite des dommages et intérêts pour la réparation de ses méfaits. Pour cet homme « violent sous l’emprise de l’alcool », la représentante du parquet, Mathilde Karekezi, estime qu’« il faut une peine qui ait du sens » à son endroit. L’homme sourit de nouveau.
Il n’est pas plus sérieux quand il entend que « les personnels des transports méritent le respect car ils assurent le service dont il bénéficie ». Avec pédagogie, la juge annonce une peine de prison de deux mois assortis d’un sursis probatoire de deux ans. Et d’expliquer les règles qui l’obligent désormais. « Est-ce clair pour vous ? », lui lance-t-elle. Un « Oui, madame » ne résonne guère dans l’enceinte de la justice.
Source Google News – Cliquez pour lire l’article original