« J’ai tout inventé car j’étais jalouse ». Victime dans l’affaire de violences conjugales au tribunal judiciaire de Brest, ce vendredi, une jeune mère est revenue sur ses propos envers son conjoint, prévenu à l’audience. Portant leur bébé de quatre mois dans les bras, elle a défendu avec insistance l’homme avec lequel elle habite depuis deux ans : « J’ai menti car il m’avait trompée, ce que j’ai dit est totalement faux. »

Bousculée enceinte

Le président Manuel Delmas-Goyon a rappelé qu’elle s’était présentée au commissariat fin mai 2021, déclarant avoir « reçu plusieurs gifles, été étranglée, bousculée et avoir chuté au sol alors qu’elle était enceinte de 22 semaines », à Plouzané. Elle avait alors déclaré qu’il l’empêchait de voir ses amis et sa famille, de sortir seule, de se maquiller ou de mettre des talons.

Une version corroborée par l’amie chez laquelle elle s’était réfugiée à la veille de son dépôt de plainte et par le constat du médecin qui l’avait alors examinée, au vu des hématomes sur son corps. Mais aussi par un voisin, par un couple d’amis, par son premier fils de 5 ans, placé en famille d’accueil et entendu par la justice après avoir alerté sa maîtresse, ou encore par sa mère et son frère. C’est ce dernier qui serait, selon la victime dans cette affaire, l’auteur des coups qu’elle a subis. Des hématomes qu’elle explique aussi par « une chute dans la cave ». « Ça n’existe pas, il n’y a rien », a pour sa part balayé le prévenu. Selon lui, « sa mère ne m’aime pas, je ne sais pas pourquoi ». Et pour les traces de coups ? « Elle pétait des plombs quand elle était enceinte et se faisait mal seule ».

Procédure singulière

Pas de quoi convaincre la procureure Solenn Briand, qui a qualifié la procédure de « singulière. Mais malgré le retrait de la plainte, les violences sont circonstanciées et précises, et plusieurs témoignages et éléments permettent d’être certain de la culpabilité ». Elle a requis deux ans de prison dont un avec sursis.

La défense a plaidé la relaxe. « Ce qui est reproché est bien maigre. Il est rare que la victime dise qu’elle a menti. On pourrait même parler de dénonciation calomnieuse », a souligné l’avocat, évoquant un témoignage d’enfant « à prendre avec beaucoup de précaution. On ne peut condamner un homme à de la prison ferme pour des témoignages recueillis sur la base de propos mensongers. » Reconnu coupable par le tribunal, le prévenu a écopé d’un an de prison avec sursis.

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