Cette soirée du 26 janvier 2019, à Brest, « c’était la tournée des bars » selon le constat du président Xavier Jublin, ce jeudi, au tribunal. Ils sont plusieurs et elle prend le volant. Mais son permis de conduire est invalide depuis 2010, faute de points. Quatre condamnations pénales le lui ont rappelé. Elle est fortement alcoolisée. Elle a consommé du cannabis ainsi que de la cocaïne, deux lignes prises dans les toilettes d’un bar selon ses dires. Le contrôle technique du véhicule est périmé depuis 2014. Les pneus, « en très mauvais état », retiennent les enquêteurs et la chaussée est humide. Elle roule vite en étant « hystérique au volant », rapporte une passagère. Toutes les conditions sont réunies pour que l’accident se produise.
Si deux des quatre occupants sont légèrement blessés, un jeune homme souffre désormais d’une incapacité physique et intellectuelle estimée à 70 %. À la barre, vêtue d’un sweat à capuche comme une adolescente, la quadragénaire pleure. « J’ai pris la vie d’un jeune et je m’en voudrais toute ma vie ». Toutefois, à la question du magistrat sur sa consommation d’alcool depuis les faits, elle répond : « Dorénavant, je bois occasionnellement ! ».
« Vous avez détruit une vie… Des vies ! ».
Derrière elle, les parties civiles ne bronchent pas. Fort digne, le père de la victime aujourd’hui âgé de 29 ans explique qu’ « en qualité de tuteur de son fils, il vit chaque instant à ses côtés, l’aidant à manger, à s’habiller… ». À cet égard, leur avocat, Me Benjamin Bellec-Pennec rappelle qu’« aujourd’hui, la vie du jeune homme, c’est la dépendance ». S’adressant à la prévenue, le plaideur lance : « Voilà, Madame, le prix de votre inconscience. Vous avez détruit une vie… Des vies ! ». Et d’ajouter : « Vous n’aurez plus envie de boire occasionnellement ». Guillemette Saillard, la représentante du parquet, relève ensuite la récidive légale en l’espèce au regard du casier judiciaire. Après avoir insisté sur « l’irresponsabilité de la conductrice désinhibée sous l’emprise de l’alcool et des stupéfiants », elle requiert un emprisonnement de cinq ans dont un avec un sursis probatoire de deux années.
Une responsabilité partagée ?
Pour la défense, Me Dominique Leyer intervient pour souligner que « la réalité du dossier, c’est que tout le monde a bu ». Rappelant que la victime « est montée dans la voiture sans vérifier ni son état, ni celui de la conductrice et sans ceinture à l’arrière », il suggère « une responsabilité partagée ».
Les parties civiles ne bronchent toujours pas. Andréa Jacopin est finalement condamnée à quatre ans de prison dont deux avec un sursis probatoire de deux ans. La juridiction lui interdit au surplus de passer le permis de conduire avant deux années.
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