C’est le cinquième de leurs six enfants et c’est celui qui assombrit leurs vies depuis près de huit ans. Ces parents n’ont désormais plus le choix, ils se constituent parties civiles non pour défendre leurs intérêts mais pour tenter de sauver ceux de leur fils à la dérive.

À l’âge de 21 ans, il a ses premières bouffées délirantes causées par ce que sa mère et son père soupçonnent : la drogue. L’état du jeune homme s’aggrave progressivement jusqu’à ce premier jour de 2022. Là, ce ne sont plus des insultes mais de graves violences physiques commises, parce qu’on lui refuse de l’argent pour se procurer encore ce produit infernal. Des coups de poing assénés à sa mère, puis à son père venu au secours de cette dernière. Il parvient enfin à la projeter dans les escaliers. « Vous avez eu peur ? », demande la présidente Marie-Anne Kérisit à la femme émue. « Oui, pour la première fois. Je sous-estime sa force, parce que je l’aime… C’est mon fils ! ».

« On voudrait claquer les doigts, mais c’est impossible ! »

Ce vendredi 17 juin 2022, dans la salle d’audience du tribunal judiciaire de Brest, vidée des affaires précédentes, les paroles résonnent plus durement. Celles d’une mère perdue d’abord : « La vie est compliquée car il n’est pas concevable de le laisser à la rue ». Sur l’impact de la procédure ? Un soupir : « il s’en fout, il ne craint pas la prison ! ».

Aux côtés de la femme digne, se trouve un père égaré dont le silence, parlant, porte le soutien à ses proches. Mais que faire ? C’est la question qu’aborde avec délicatesse la magistrate : « Vous nous exposez une situation familiale à laquelle la justice ne peut apporter la solution voulue ».

De concert, Isabelle Johanny, pour le parquet, regrette : « On voudrait tant claquer les doigts, mais c’est impossible ! ». Une peine de douze mois de prison est alors prononcée avec un sursis probatoire de trois ans. C’est une réponse de rigueur pour forcer aux soins, mais elle n’est pas à la hauteur du problème posé. Chacun en est conscient.

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