Ce vendredi, à l’audience des comparutions immédiates, un homme de 43 ans plie à la barre sous le poids de lourdes infractions commises à l’endroit de ses deux filles : des agressions sexuelles incestueuses. Les faits s’étalent de janvier 2013 à février 2021, à Brest et à Milizac. Leur gravité se mesure à la gêne de la présidente Céline Verdier exprimée dès l’ouverture du procès : « Vu les déclarations d’une des victimes, ce dossier relève, il me semble, de la Cour d’assises ». Âgées de 11 et 16 ans pendant la prévention, les jeunes filles sont représentées par leurs avocats à l’audience. D’un commun accord avec le représentant du parquet, ces conseils acceptent que l’affaire soit retenue devant le tribunal judiciaire.

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Une contestation inflexible

La procédure est initiée par une plainte déposée en mai 2021 par la mère des parties civiles à la gendarmerie d’une commune de la région brestoise. Soutenue par le signalement d’une psychologue scolaire, cette dénonciation relate non seulement des attouchements mais des actes de viol annoncés par les mots : « Je vais te montrer quelque chose de pratique ». Honteuses de ces agissements de leur père, les filles se sont réfugiées dans le repli du « mal-être », prisonnières du dégoût et de la culpabilité. Si les investigations médicales n’apportent aucune preuve des dires, les conclusions d’une psychologue relèvent « les signes d’un vécu sexuel traumatisant ». Au terme du récit, le quadragénaire à la barre demeure inflexible : « Je n’ai jamais fait de mal aux enfants ». Interrogé dès lors sur les causes de telles accusations, ses explications sont d’habitude dans cette salle d’audience : « On cherche à me faire partir de la maison. C’est un complot… » La perplexité est d’autant plus forte qu’au sujet du prévenu, l’expert psychiatre perçoit « un trouble de la personnalité important » qui l’influence au point de ne « jamais se remettre en question ».

Le choix d’un « doute raisonnable »

Forts de l’ensemble de ces éléments, les avocats des parties civiles, Me Anne-Sophie Plantec et Me Jean-François Munoz, occupent le prétoire pour traduire les maux éprouvés par leurs clientes : lls précisent que « la négation des faits constitue une seconde violence ! » Arthur Rigal, le représentant du ministère public, prend aussitôt le relai pour soutenir « une cohérence psychologique » de chacune des victimes et constater « une mort intérieure ». Un emprisonnement de cinq ans est ainsi requis. La parole échoit désormais à la défense. Celle de Me Rabah Laraba, qui oppose « une cohérence juridique » qui le mène à détricoter le dossier. Prenant soin d’analyser chaque point, il conclut à la vraisemblance d’un « doute raisonnable » justifiant une relaxe. Convaincus par sa plaidoirie, les juges adoptent cette option.

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