À l’occasion de la rentrée solennelle, Arnaud Viornery, procureur de la République de Bastia, a détaillé les actions du parquet en insistant sur cette thématique nationale. Claire Liaud, nouvelle présidente, a également pris ses fonctions

Un bilan pénal jugé satisfaisant par le procureur de la République de Bastia, une nouvelle présidente du tribunal judiciaire et une tribune de magistrats. La rentrée solennelle du tribunal judiciaire de Bastia a livré quelques enseignements en présence de nombreux officiels.

Thomas Meindl, président par intérim du tribunal pendant les trois mois de vacances après le départ de Jean-Bastien Risson, se charge d’introniser Claire Liaud, nouvelle titulaire du poste. Cette dernière, dans un discours humain, n’hésite pas à faire référence à la tribune médiatique de 3 000 magistrats et une centaine de greffiers publiée dans Le Monde en novembre dernier.

Ce collectif de juges, substituts, greffiers y dénonçait l’approche “gestionnaire” de la justice et soulignait la “discordance” entre la volonté de rendre une justice de qualité et la réalité du quotidien. Si Claire Liaud comprend et vit aussi cette réalité, elle veut avant tout mettre en avant le côté positif du métier : “Si la question aiguë des moyens donnés à la justice pour fonctionner dans le double respect des justiciables d’une part, des magistrats et des fonctionnaires de greffe d’autre part, a été à nouveau et récemment mise en lumière dans le cadre d’une tribune, cela ne doit pas nous faire oublier qu’il ne faut pas perdre la foi, qu’il faut faire vivre la flamme ; notre métier est dur mais l’exercer est un honneur, un privilège. Ainsi que l’a rappelé Madame Simone Rozes, première femme à avoir présidé la cour de cassation, aujourd’hui âgée de 101 ans, dans une interview parue début janvier 2022.” 

Claire Liaud, nouvelle présidente du tribunal judiciaire de Bastia. - photos Christian Buffa

Enthousiasme, énergie, imagination ponctuent sa première prise de parole avant de laisser place à celle d’Arnaud Viornery, procureur de la République de Bastia. Le représentant du parquet s’attelle à détailler le traditionnel bilan comptable annuel de l’action judiciaire : “Sur le plan pénal, il y a une stabilité dans le traitement des affaires poursuivables. Il y en a eu 3 100 sur l’année écoulée contre 3 180 l’année d’avant. 53 % ont fait l’objet d’engagement de poursuites pour 36 % d’abandons.”

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Trois millions d’euros de saisies patrimoniales

Les comparutions immédiates sont en hausse de 26 % sous l’effet “de la nouvelle impulsion liée à la lutte contre les violences conjugales”. Les affaires en attente de jugement ne sont plus qu’au nombre de 384 contre 704 l’année précédente, soit une chute de 46 %. Le procureur insiste également sur le fléau des violences intrafamiliales, pour lesquelles la comparution immédiate devient le principal mode de poursuite.

En ce qui concerne le tribunal correctionnel, “44 jugements ont été recensés avec de la prison ferme et un mandat de dépôt dans le domaine des violences intrafamiliales. 34 ont fait l’objet d’un sursis probatoire. Trois bracelets anti-rapprochements sont en service dans le département”. Le tout est à mettre en corrélation avec la création d’une cellule de suivi des violences intrafamiliales.

Thomas Meindl, président par intérim pendant trois mois a passé le flambeau à Claire Liaud. -

La lutte contre la délinquance économique et financière a également permis la saisie patrimoniale de trois millions d’euros à travers sept dossiers qui concernent du blanchiment, abus de biens sociaux, corruption… Arnaud Viornery veut aussi mettre en avant deux évolutions majeures : “La création d’une unité médico-judiciaire au centre hospitalier de Bastia et le lancement de la procédure pénale numérique.” Le mot de la fin revient à Claire Liaud, attentif au traitement des stocks de dossier en retard : “Sur l’activité civile, nous avons pu normaliser et stabiliser les stocks qui avaient pu se constituer après la grève des avocats et le confinement du Printemps 2020, notamment aux affaires familiales.” Mais également soucieuse de s’adapter au plus vite au territoire insulaire. Sa citation de Paul Valery est là pour l’illustrer : “Vous vivez dans une île très belle que j’ai quelque raison de chérir (…) cette terre séparée, qui se défend encore un peu de ressembler à toutes autres.”

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