Prévu pour fonctionner avec 366 magistrats, le Tribunal judiciaire de la capitale n’en compte que 338. Le déficit peut ne pas sembler énorme dit comme ça, mais même en tournant à plein régime, la charge de travail resterait impressionnante. A titre d’exemple, avec 636 procédures en cours, « chaque magistrat du PNF a en propre un portefeuille de 45 affaires, parfois un peu plus » et comme les parquetiers « fonctionnent en binôme », ils ont en charge environ 90 dossiers, détaille Jean-François Bohnert, à la tête du Parquet national financier.
« Les effectifs des magistrats du siège sont totalement inadaptés », a estimé vendredi Stéphane Noël, président de la première juridiction de France, lors d’un point presse. « Le déficit de magistrats est une réalité et pèse sur la juridiction », a-t-il déploré, évoquant une situation « fortement dégradée ». « Nous sommes très, très loin d’une justice en bon état de fonctionnement ».
20.000 plaintes au pôle santé publique depuis le début de l’épidémie de Covid-19
« Le mouvement de protestation » des magistrats et greffiers, qui dénoncent notamment leur manque de moyens, « n’a rien de surprenant et par son ampleur constitue un séisme tellurique qui révèle les difficultés profondes », a-t-il estimé. « Il a fallu le courage des plus jeunes pour dire : “ça suffit” ». « Les raisons de cette crise sont connues : des réformes incessantes, des effectifs inadaptés, l’insuffisance de la prise en compte des évolutions sociologiques majeures et une recherche de la qualité empêchée », a détaillé le magistrat.
La procureure de Paris Laure Beccuau a, de son côté, souligné « l’augmentation générale de l’activité du parquet » avec, notamment, « les conséquences de la crise sanitaire inattendues et imprévisibles ». Le pôle santé publique du tribunal a reçu 20.000 plaintes depuis le début de l’épidémie de coronavirus et 1.695 d’entre elles sont en cours d’analyse, a-t-elle donné en exemple. Les sections économiques et financières du parquet « sont mobilisées pour des fraudes jusqu’alors inconnues », relève-t-elle également.
Le Parquet national antiterroriste (Pnat), concerné également par la question des effectifs, est quant à lui confronté à un « nombre historique de procès [qui] exige une organisation hors du commun », a indiqué son chef, le procureur Jean-François Ricard. Treize dossiers de terrorisme doivent être jugés en 2022, alors que ces procès s’étalent souvent sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, comme c’est le cas pour celui des attentats du 13 novembre.
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