Le conseil des Prud’hommes jugeait à nouveau le licenciement, pour inaptitude médicale, d’une caissière d’Intermarché dans l’incapacité de reprendre son travail suite à une agression physique subie en 2017.
Danièle (*) et Stepharo, la société gérante d’Intermarché Narbonne, revenaient ce jour, pour la 3e fois, devant un conseil des Prud’hommes appelé à “départager” les deux parties. La première nommée, licenciée pour ”inaptitude médicalement constatée”, conteste son licenciement, fin 2019, et le juge abusif arguant que son inaptitude provient, selon son avocat, d’un “manquement préalable de l’employeur, qui l’a provoquée”. Me Cambon, du barreau de Narbonne, souligne même “le total mépris de l’employeur pour la santé et la sécurité de la salariée”.
L’histoire débute le 4 septembre 2017. Affectée aux caisses automatiques, Danièle est aux prises avec un couple de SDF visiblement alcoolisé. Le ton monte, des insultes fusent. La situation dégénère, au point que la femme du couple assène une “grosse gifle” à la préposée aux caisses automatiques et profère encore des menaces de mort. “Jamais l’agression n’aurait eu lieu si l’agent de sécurité (situé à quelques mètres à peine, ndlr) avait fait son travail”, fustige Me Cambon. Les vidéos montrent que celui-ci était au téléphone et ne pouvait être joint par ce biais comme la procédure l’exigeait, obligeant Danièle à quitter son espace de travail pour lui faire comprendre la gravité de la situation. “L’impact sur sa santé est tel qu’il a entraîné un traumatisme psychologique aigu, un suivi psychiatrique et une inaptitude d’origine professionnelle.” Danièle en effet n’a jamais pu reprendre son travail et a été déclarée inapte à tout poste par le médecin du travail.
Pour la partie adverse, Me Joyes, du barreau de Montpellier estime que Danièle a suivi la SDF sortant ainsi de son espace de travail. “Elle s’est ainsi mise en danger.” Seule. La défense – venue une 3e fois devant le conseil des Prud’hommes “pour une question de principe” – assure en outre que l’employée a traité la SDF de voleuse et que c’est pour cela que le ton est monté. Elle a encore riposté à la gifle en tirant les cheveux de la femme. Sa conclusion : “On ne peut considérer qu’il y ait une quelconque défaillance de la part de l’employeur”.
Toujours est-il qu’aujourd’hui, Danièle a peur de sortir de chez elle et ne peut plus travailler dans son secteur d’activité. Elle demande la condamnation de la société à 8 mois de salaire à titre de dommages et intérêts (10 431 euros) et encore 5 000 euros pour défaut d’information sur les garanties de prévoyance.
Le jugement a été mis en délibéré pour le 25 août.
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