Jean-Pierre Cassan, président du tribunal de commerce narbonnais, confirme la hausse de 50 à 60 % des procédures collectives par rapport à 2021. Pas encore le retour aux chiffres d’avant-crise sanitaire, mais le signal que les sociétés les plus faibles font face à des écueils désormais insurmontables.
Mi-avril, Jean-Pierre Cassan, président du tribunal de commerce de Narbonne, évoquait “un nombre de procédures qui représente 50 % de l’activité totale de 2021, même si celle-ci n’était pas une année normale”. Un évident marqueur du retour des défaillances d’entreprises, après deux années où, entre activité ralentie par le Covid et aides à profusion, les tribunaux de commerce avaient tourné au ralenti.
Un mois plus tard, le constat est confirmé : “Par rapport à l’année 2021, sur la même période, on fait face à une hausse de 50 à 60 % de l’activité, pour les procédures collectives (assignations, cessations de paiements).” Et de chiffrer à 49 le nombre de procédures collectives ouvertes depuis le début de l’année : “Pas encore le niveau d’avant Covid, précise Jean-Pierre Cassan. Mais on revient, petit à petit, à un seuil identique de celui de 2020.” Inévitable, estime-t-il, avec des entreprises qui, en difficulté avant la crise sanitaire, font désormais face à la fin du “quoi qu’il en coûte” et notamment à l’échéance du remboursement des prêts garantis par l’Etat : “Il y a des inquiétudes pour certains, forcément.”
On retrouve des dossiers qui étaient bloqués depuis la crise sanitaire
D’autant que ce retour à la normale, ou presque, signifie que les créanciers font désormais valoir leurs droits : “Parmi les procédures initiées en 2022, on retrouve des dossiers qui étaient bloqués depuis la crise sanitaire, avec par exemple des relances par l’Urssaf, qui commence à réassigner sur des créances parfois antérieures à 2020.” Une tendance qui mène le tribunal à tenter, comme toujours, de miser sur la “prévention, avant qu’il ne soit trop tard. Nous avons rencontré les syndicats, une réunion avec le Medef est à venir. Mais on fait toujours face à cette crainte des entreprises de s’adresser au tribunal de commerce, alors que nous sommes justement là pour aider.”
Un déficit d’interaction que Jean-Pierre Cassan évoque aussi à l’heure de parler de “1 200 entreprises qui, sur le Narbonnais, n’ont pas remis leurs comptes. Nous relançons pour des comptes parfois liés aux exercices 2017, 2018, 2019”. Un sujet majeur car, souligne le président, “avec les injonctions et les assignations, les dépôts de compte sont les trois seuls éléments qui nous permettent de connaître la situation réelle d’une entreprise et d’envisager les solutions à apporter”. De quoi anticiper, et éviter le pire. D’autant que, Jean-Pierre Cassan le rappelle, après le Covid, la guerre en Ukraine, dans les mois qui viennent, va inévitablement produire ses effets : “Des pièces détachées qui manquent, des véhicules neufs qui ne sont pas livrés, des difficultés de recrutement, des matières premières qui manquent et se renchérissent… Tout ça va constituer de nouveaux dossiers.”
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