A Saint-Bonnet-Briance et dans les communes environnantes, Mirabeau a mis au point, avec l’aide de son père, aux alentours de 1780, le premier conseil des prud’hommes tel qu’on le connaît aujourd’hui.
C’est son père, Victor Riquetti de Mirabeau, qui a donné à cette idée son impulsion décisive. À cette époque, l’auteur du Traité sur la population possédait à Saint-Bonnet-Briance un château et plus de mille hectares de terres.

La doctrine du docteur Quesnay

Dans ce domaine situé au lieu-dit Aigueperse, Victor Riquetti de Mirabeau, écrivain et philosophe, applique les théories de l’école de physiocratie du docteur Quesnay.

Cette doctrine considère la terre et l’agriculture comme des sources essentielles de richesse. Cet érudit voulait mettre en place un système de gouvernement et d’administration, conforme aux lois de la nature : « physio » vient du grec « phusis » qui signifie « nature », et « kratos » signifie « pouvoir ».

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Une grande misère

Mirabeau père publia de nombreux ouvrages politiques et notamment L’ami des hommes dont une grande partie est consacrée à l’agriculture.
Honoré-Gabriel, son fils, qui dans sa jeunesse a séjourné à Aigueperse, revient en Limousin après avoir vécu notamment en Provence. À la demande de son père, il administre ces terres et met en pratique les théories économiques de Quesnay. En ce temps-là, l’agriculture et surtout les paysans limousins touchaient le fond de l’abîme de la pauvreté. Cette province était un pays de petites propriétés et de petites cultures, l’élevage constituait sa principale richesse. Les gens se nourrissaient de pain, de raves, de châtaignes, la culture de la pomme commençait à peine à se répandre. La richesse et le bien-être ne pourraient apparaître que le jour où les procédés rudimentaires d’exploitation seraient abandonnés et que les débouchés faciliteraient la vente de ces produits.

Les impôts, les taxes diverses constituent les autres causes de cette misère. Les procès se multiplient également.

Des tribunaux de conciliation

C’est pour régler ces dissensions et autres querelles de voisinages qui surgissaient entre les propriétaires, ou entre les propriétaires et les métayers ou entre les métayers eux-mêmes, que Mirabeau eu l’idée d’instituer des tribunaux de conciliation.

En fait, il s’inspire d’une juridiction qui fonctionnait déjà à Marseille au XVe siècle, qui avait pour mission de régler les litiges entre les pêcheurs. Elle se présentait sous la forme d’une assemblée formée de personnalités, de sages ou prétendus comme tels, désignés parmi les habitants toutes classes confondues. Cette assemblée avait reçu le nom de « prud’hommes ». Au Moyen Âge, on désignait ainsi les personnages les plus éminents d’un pays ou d’une ville.

Pour la première fois, le père et le fils Mirabeau fondent à Saint-Bonnet-Briance un conseil des prud’hommes qui ressemble à ceux de notre époque. Mieux structuré qu’à Marseille, il fonctionne selon des règles très précises et bien défi

Marseille
Il existe un conseil de prud’hommes dont l’origine paraît fort ancienne. Ce sont des prud’hommes pêcheurs qui jugent les contraventions en matière de pêche maritime et les différends entre marins. Cette version aurait inspiré Mirabeau qui l’a appliqué pour régler les conflits qui opposaient notamment les ouvriers agricoles et les propriétaires. Ces tribunaux de conciliation fonctionnent aujourd’hui de la même façon.

Jean-François Julien

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