C’est l’épilogue d’un long calvaire judiciaire pour la victime. L’histoire avait pourtant bien démarré, en 2012, lorsque Virginie, une ancienne hôtesse de l’air, est embauchée par Michelin Air Services, une compagnie dont la mission est dédiée à transporter les cadres de la firme auvergnate. La jeune femme devient par la même occasion la première femme pilote chez Michelin.
Harcèlement moral et sexuel
Mais le conte de fées va tourner court, surtout à partir de 2015. La pilote trentenaire dénonce des changements de planning inopinés, des programmes de vols plus chargés que ceux de ses collègues masculins et un système de rémunération illégal, la privant du paiement des heures supplémentaires. Remarques obscènes, gestes déplacés, évaluations à charge… « Un enfer », décrit la plaignante.
Puis c’est la dépression, en 2016. Arrêt maladie pendant un an, avec à la clé une déclaration d’inaptitude médicale. Et Virginie d’être licenciée par Michelin en 2017.
(2019) La compagnie aérienne de Michelin condamnée à verser 627.000 € à une pilote licenciée
S’ensuit un recours devant le conseil des Prud’hommes, donc, qui examine sa demande en janvier 2019. Rendu en avril de la même année, le jugement condamne Michelin pour harcèlement moral et sexuel, défaut de prévention sur ces deux volets, discrimination basée sur le sexe, travail dissimulé et rupture abusive du contrat de travail ». La juridiction désigne alors ces « agissements fautifs de l’employeur comme la source de l’inaptitude notifiée à la plaignante, synonyme de perte de sa licence », avec pour conséquence « une perte de chance » pour l’ancienne pilote d’exercer son métier et « des incidences sur sa carrière complète ». La société est condamnée à verser à la victime 627.000 €.
« Pour elle, c’était une fierté de piloter des avions Michelin, elle était promise à une belle carrière
Maître Emmanuelle richard (Avocate de l’ancienne pilote)
Le géant du pneu avait ensuite fait appel de cette décision, mais n’avait encore une fois pas eu gain de cause en mai 2020. Un pourvoi en cassation avait été formulé mais celui-ci a finalement été rejeté ce mercredi, mettant un point final à cette bataille juridique.
Un soulagement pour Virginie. « Pour elle, c’était une fierté de piloter des avions Michelin, elle était promise à une belle carrière, souligne son avocate, Maître Emmanuelle Richard. Elle avait rapidement appelé au secours et la seule réponse de Michelin a été le mépris. Ma cliente a persisté et elle n’a jamais trouvé de réponse à ses alertes. C’est une longue procédure de quatre ans mais, au final, on a été très écouté par la juridiction. »
Julien Moreau
Défense. « Le groupe Michelin a pris acte de l’arrêt rendu par la Cour de cassation. Par respect pour l’institution judiciaire, l’entreprise ne commente ni les décisions de justice ni les prises de position d’autres parties prenantes sur une affaire jugée concernant Michelin. Michelin souhaite rappeler à ses salariés que tout témoin ou victime d’actes de harcèlement ou de maltraitance professionnelle se doit de le signaler. Depuis quelques années, un dispositif de ligne éthique a été mis en place pour permettre à l’ensemble des salariés de témoigner en toute sécurité sur une situation de souffrance de travail ou de comportements inappropriés. Ce dispositif a été récemment renforcé par la direction du Groupe dans le cadre du programme Integrity, avec l’objectif de pouvoir identifier et traiter rapidement tout comportement professionnel non conforme aux règles et valeurs de Michelin. »
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