La tension était palpable, ce 28 juin au matin, au tribunal de commerce de Nanterre. Ce dernier était chargé de trancher sur l’avenir de Geoxia, le constructeur des maisons Phénix, Familiale ou Castor, placé en redressement judiciaire le 24 mai .

Quelques dizaines de personnes attendaient fébrilement d’être fixées. Il y avait là des représentants des salariés, le président du directoire de l’entreprise, Olivier Bersihand, plusieurs avocats et aussi quelques partenaires inquiets. Comme cette propriétaire de locaux loués à une agence de Geoxia, qui indiquait ne pas avoir perçu ses loyers depuis mars.

Le tribunal a finalement décidé d’une liquidation de Geoxia. Les deux offres présentées par des repreneurs n’ont pas été jugées solides. Quant à l’offre du management de la société, elle était conditionnée à un apport de 80 millions d’euros par l’Etat qui n’a pas donné suite.

« Beaucoup d’émotion »

Pour l’entreprise, c’est la fin d’une longue histoire engagée en 1946 avec sa création autour de la marque Phénix, qui fut longtemps l’emblème de la maison pas chère accessible aux ménages modestes. « Il y avait beaucoup d’émotion dans la salle, personnellement, j’ai pleuré », raconte une représentante des salariés présente à l’audience.

« C’est du gâchis », a réagi Olivier Bersihand, qui continue d’estimer que son entreprise aurait dû bénéficier d’un prêt garanti par l’Etat durant la crise du Covid-19. « Les commandes réalisées en 2021 pour les maisons Familiale ont été les meilleures de ces dix dernières années. Et nous avions commencé à nous adresser à une nouvelle clientèle – des familles des classes moyennes – pour les maisons Phénix », a-t-il assuré, tandis que les ménages modestes n’avaient plus forcément les moyens de les acquérir.

« L’activité s’arrête dès maintenant. Les salariés rentrent chez eux, à l’exception de quelques-uns qui aideront à clore les dossiers administratifs », a-t-il poursuivi.

Deux chantiers s’ouvrent désormais. Il s’agit tout d’abord d’assurer l’avenir des 1.140 salariés de Geoxia qui vont se retrouver sans emploi. Le ministère de l’Economie et des Finances s’est engagé à les aider à se faire réembaucher ailleurs. Ce qui, assure-t-il, ne devrait pas trop poser de problème dans un secteur en fort besoin de main-d’oeuvre.

Quant à l’AGS, le régime de garantie des salaires financé par les patrons, il s’est saisi du dossier afin que les salariés de Geoxia puissent toucher rapidement ce qui leur est dû, dès qu’il aura été saisi par le mandataire judiciaire. A savoir leurs salaires de juin, plus leurs indemnités de licenciement.

Il faut également s’assurer que malgré la liquidation de Geoxia, les quelque 1.600 chantiers en cours puissent aller à leur terme. Là encore, un système de garantie prévu par la loi doit jouer son rôle. Les assureurs se rapprocheront des clients dans les jours à venir.

Audience le 5 juillet

Mais un problème spécifique se pose pour les maisons Phénix, dont les panneaux en béton et les structures métalliques sont fabriqués en usines. Et dont la méthode constructive est unique en France. Ce qui fait qu’un autre constructeur de maisons ne peut se substituer à Geoxia pour achever les travaux.

C’est pourquoi, et « afin de limiter le sinistre pour les clients », Bercy a proposé de financer la poursuite du fonctionnement de deux des usines de Geoxia, à hauteur de 7 millions d’euros, le temps de fabriquer les pièces nécessaires à l’achèvement des chantiers engagés. Il s’agit de Phénix Métal Industrie et de Geoxia Composants, qui emploient à eux deux environ 80 personnes.

Une nouvelle audience est prévue le 5 juillet devant le tribunal de commerce de Nanterre afin de placer ces deux entités en liquidation, avec une autorisation de poursuite d’activité pour trois mois.

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