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Après avoir tenté de régler l’affaire en interne, une ancienne collaboratrice de l’élu centriste a décidé de se tourner vers les prud’hommes. Elle rapporte des faits de harcèlement moral et dénonce son licenciement. Le sénateur conteste toutes ces accusations.

L’affaire passera finalement par la case justice. Il y a quelques mois, Sophie (1) racontait dans Libé le «harcèlement moral» dont elle se dit victime de la part du sénateur pour lequel elle a travaillé pendant plus de trois ans. «Il me criait dessus en essayant de me dégoûter du travail. J’avais la peur au ventre en me demandant ce qui allait m’arriver, c’est inimaginable», témoignait alors la collaboratrice parlementaire. A l’époque, le nom de l’élu ne pouvait être divulgué. Aujourd’hui, Libé est en mesure d’affirmer qu’il s’agit du centriste Jean-Pierre Moga (UDI). L’homme, âgé de 74 ans, siège au Sénat depuis 2017. Il a été auparavant maire de Tonneins, une commune de 9 000 habitants du Lot-et-Garonne.

Début février, Sophie a repris contact avec une avocate spécialiste de droit du travail qui a déjà défendu des collaborateurs victimes de harcèlement au Sénat. Elle a saisi les prud’hommes, avec une lettre demandant une conciliation qui se tiendra en juillet. «Je voulais absolument aller devant la justice, mais je n’étais pas en état jusque-là», explique-t-elle à Libé. Elle tente de se reconstruire petit à petit, mais le stress continue de la tarauder. «Hier, par exemple, ça n’allait pas du tout», confie la collaboratrice, tout en revenant sur ces mois passés à travailler pour Jean-Pierre Moga : «Il faisait en sorte que mon travail soit intenable, surtout à la fin.»

Licenciement «brutal et vexatoire» ?

Deux questions devront être tranchées par les prud’hommes : le harcèlement moral est-il caractérisé et le licenciement de Sophie, prononcé le 9 mars 2021 pour «faute grave», est-il valable ? Elle juge que non et assure qu’au vu de ce que le sénateur lui reproche, elle est en capacité de lui «répondre point par point». Son licenciement aurait été prononcé, selon elle, parce qu’elle a fait le choix de saisir la cellule anti-harcèlement du Sénat. «Je serais toujours en poste aujourd’hui si je n’avais pas saisi la cellule», expliquait Sophie en août. Elle demande notamment 20 000 euros de dommages et intérêts pour «licenciement brutal et vexatoire».

Bien que «le temps de la justice soit très long», Sophie attend beaucoup de la décision des prud’hommes. «J’attends d’être lavée. Je pense avoir fait mon travail de manière consciencieuse. Je suis grillée maintenant. C’est un petit milieu», dit-elle. Contacté par Libération, le sénateur Moga «réserve» ses arguments pour les prud’hommes. «Je répondrai à ces accusations», explique-t-il, tout en démentant les faits de harcèlement dont l’accuse son ancienne collaboratrice.

(1) Le prénom a été modifié.

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