La députée Sira Sylla (LREM) est actuellement visée par deux affaires devant le tribunal des prud’hommes. Celles-ci concernent des faits supposés de harcèlement moral, un licenciement sans cause réelle ou encore des heures supplémentaires impayées dont auraient été victimes certains de ses assistants parlementaires.
Contactée avant la parution de notre article qui réunissait plusieurs témoignages accablants, la députée avait d’abord refusé de répondre à nos questions. Celles-ci lui ont été envoyées par mail. Une semaine plus tard, la députée nous a fait parvenir une déclaration qui ne répond que très partiellement aux questions posées.
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Des attaques réfléchies et préparées ?
La députée persiste sur les premiers propos qu’elle avait tenus lundi 3 janvier 2022 au cours d’un échange téléphonique : « Je note que cette initiative intervient alors que les élections approchent. Plus que des ragots, il s’agit ici de véritables attaques personnelles mûrement réfléchies et préparées », indique la députée, qui sous-entend ainsi que les personnes interrogées par Le Journal d’Elbeuf auraient imaginé un complot. La députée reproche également au journal de baser son article sur la foi de seulement trois témoignages. C’est faux puisque notre enquête en contient davantage et que ces personnes ne se connaissent pas forcément. Par ailleurs, depuis la publication de l’article, d’autres témoignages nous sont parvenus à la rédaction. Tous confirment les faits reprochés et portés devant les prud’hommes.
Dans son courrier Sira Sylla indique : « La politique c’est exigeant. En tant que députés, nous sommes extrêmement sollicités et nous nous devons de répondre à nos concitoyens et d’être à la hauteur de leurs attentes légitimes et ce dans une mandature inédite notamment avec la crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés depuis deux ans. Il s’agit d’un travail de chaque instant. »
Continuité du service
À propos des milliers de SMS nocturnes (que Le Journal d’Elbeuf a consultés) envoyés à ses collaborateurs, elle reconnaît échanger de nombreux messages avec ses assistants et justifie cette pratique : « pour la continuité du service dans la mesure où les députés et leurs assistants parlementaires travaillent souvent à distance les uns des autres. Les collaborateurs ne sont pas tout le temps avec nous. Je crois qu’échanger démontre plutôt ma proximité à l’égard des collaborateurs. Assistant parlementaire est un vrai métier et suppose un véritable engagement. Ce travail suppose en sus des compétences professionnelles, une confiance entre les parties et une loyauté totale. » En revanche, la députée n’apporte pas d’explications concernant les appels nocturnes aux collaborateurs et à leurs proches qui lui sont reprochés.
Puis, concernant le chiffre de 17 collaborateurs – au moins – qui ont travaillé avec la députée de la majorité, Sira Sylla indique que « les faits qui vous ont été rapportés sont inexacts. Je les conteste avec force. » Mais son propre calcul prouve pourtant l’inverse : « J’ai depuis le début de mon mandat, bientôt cinq ans, embauché des collaborateurs. Quatre travaillent à mes côtés, deux étaient en CDD sur des missions particulières. Un a sollicité une rupture conventionnelle pour pouvoir se consacrer à un projet personnel ; ce que j’ai accepté. Une a démissionné et cinq ont été licenciés pour faute ou insuffisance professionnelle. Et quatre ruptures de période d’essai sont intervenues. » Il y a donc bien eu cinq licenciements et quatre ruptures de période d’essai en l’espace de 4 ans et demi.
Bilan du mandat
Au milieu de sa réponse, Sira Sylla précise : « Je m’étonne du procès d’intention qui m’est fait. Je rappelle que les collaborateurs parlementaires, tout comme moi, sont rémunérés avec de l’argent public… Et je dois des comptes aux Français. » Avant de faire une ébauche de bilan de son action : « J’ai été élue en 2017. C’est mon premier engagement politique, et je remercie encore une fois nos concitoyens de m’avoir élue. Depuis, je ne cesse de me consacrer corps et âme à mon mandat. »
À propos des Prud’hommes : « Concernant les prétendus faits de harcèlement moral que je conteste fermement, deux affaires sont en cours de procédure », comme bien indiqué dans notre article. La députée précise que dans la troisième affaire « le demandeur a été débouté de l’ensemble de ses demandes notamment par rapport aux accusations de harcèlement. Le demandeur n’a d’ailleurs pas fait appel de cette décision. » Une affaire qui a été documentée par nos confrères de France Télévisions qui rapportent que le tribunal des Prud’hommes avait alors précisé que des éléments transmis par la demandeuse posent « question sur l’exercice de la relation de travail (horaires, mail d’intimidation) ». Des éléments au dossier « qui n’apportaient pas cependant la preuve d’un harcèlement moral démontré ».
« Femme, noire, jeune, menue et tout est permis »
Sur les réseaux sociaux, la députée a indiqué après la publication de différents articles consacrés à ses affaires aux Prud’hommes : « Pas de victimisation mais femme, noire, jeune, menue et tout est permis ! Ces attaques ont pour seul but de me nuire, de me salir et pour le maire en question de me faire renoncer pour achever ses rêves : député ; puis ministre. » Une défense à tout le moins tendancieuse qui laisse entendre qu’elle est cible de propos misogynes et racistes. Des propos reçus avec une grande gravité par les différentes sources du Journal d’Elbeuf. À noter que contrairement à ce que Sira Sylla laisse entendre, nous n’avons contacté aucun maire.
Enfin, Sira Sylla estime que les articles parus à son sujet dans la presse locale et nationale sont la preuve que « la circonscription dont [elle est] la députée depuis 2017 suscite des convoitises et des ambitions. Encore faut-il aborder cette échéance dans un esprit républicain sans céder à des méthodes déloyales, et à des accusations infondées ; au risque sinon de se discréditer avant même de se déclarer candidat. »
Toujours sans apporter de réponses à nos questions, elle conclut : « La vérité est que je travaille et que j’obtiens des résultats. Élue au service de mes concitoyens, je ne lâcherai rien jusqu’à la dernière minute de mon mandat, tant les besoins de la population sont grands. Ma philosophie n’est pas de polémiquer mais de leur trouver des solutions. »
Concernant nos questions précises sur les causes des arrêts de travail, les faits de harcèlement moral reprochés, l’ambiance et le rythme de travail ou encore le champagne acheté pendant le couvre-feu, Sira Sylla n’a toujours pas répondu.
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