l’essentiel Laurent Granel, le Président du tribunal de commerce de Toulouse, revient sur la situation des entreprises en Haute-Garonne. Il a mis en place un système d’accompagnement  préventif des entrepreneurs en difficulté, y compris sur le plan psychologique. 

La situation des entreprises, aujourd’hui, est-elle inquiétante ?

Si l’on s’en tient aux chiffres, les procédures collectives, redressements et liquidations judiciaires, sont moins nombreuses qu’avant le Covid au tribunal de commerce. Les créations de sociétés commerciales l’an dernier ont même progressé de près de 40 % par rapport à 2019, mais nous sommes à un moment de bascule avec la fin des aides gouvernementale, ce qui rend très incertains les mois qui viennent. À ce jour, nos entreprises sont encore sous perfusion et l’on sait que ça ne va pas durer.

Avez-vous pris des dispositions particulières pour accompagner les entrepreneurs ?

Nous avons développé les entretiens de prévention pour recevoir les chefs d’entreprise au tribunal dès qu’il y a des difficultés. Trop souvent encore, ils viennent trop tard. Mais il ne faut pas attendre la cessation de paiements pour venir nous voir. Je veux démystifier le tribunal de commerce. On est là pour les aider, en favorisant les procédures amiables et en nous efforçant de trouver des solutions à leurs difficultés dans les contentieux. J’ajoute que nous avons créé une cellule de prévention externalisée pour aller au-devant des chefs d’entreprise. Nos juges vont vers les syndicats professionnels pour être au plus près du terrain. On ne reste pas dans les salles d’audience, on va vers les gens. C’est un dispositif très apprécié.

Beaucoup de chefs d’entreprise vivent mal leurs difficultés…

C’est vrai malheureusement et j’attache une grande importance au facteur humain. En collaboration avec l’organisme de médecine du travail Prévaly, nous avons mis en place le dispositif « Adèle » pour soutenir les entrepreneurs en détresse psychologique. Et nous faisons intervenir un psychiatre aux côtés des juges pour prévenir les risques suicidaires. Nous travaillons aussi avec l’association « 60 000 Rebonds » pour aider les personnes à rebondir après l’échec d’une affaire. Il faut leur expliquer qu’être en difficulté peut arriver à tout le monde Nous vivons sur ce paradoxe que l’échec comme la réussite sont toujours mal vus…

Source Google News – Cliquez pour lire l’article original