Après avoir fortement diminué son activité en 2020, crise sanitaire oblige, le tribunal judiciaire de Bourges a retrouvé son rythme « habituel » en 2021. Le nombre de dossiers traités est même supérieur à la période pré-crise dans le domaine pénal, et les délais d’attente pour les justiciables se sont résorbés par rapport à l’année 2020.

Le plus haut niveau d’affaires « poursuivables » en 10 ans

En 2021, le parquet de Bourges recense 6 463 affaires poursuivables, donc en état de faire l’objet d’une procédure. C’est du jamais vu depuis 10 ans. Cela ne veut pas forcément dire qu’il y a plus de délits ou de crimes, car cela peut s’expliquer par le fait que les les dossiers sont plus solides, et ont donc plus de chances d’aboutir.  Parmi les types de procédures qui augmentent le plus, on retrouve les violences intrafamiliales. Les victimes hésitent peut-être moins qu’avant à porter plainte selon le parquet, et ces dossiers font de plus en plus l’objet de comparutions immédiates, ce qui n’était pas nécessairement le cas avant. Bref, globalement le volume de dossiers reprend l’ascension entamée avant la crise sanitaire.

Une Justice qui réclame plus de moyens

L’année 2021 aura surtout été marquée par une fronde quasiment sans précèdent du personnel judiciaire. Plusieurs rassemblements d’avocats, de greffiers, et même de magistrats ont eu lieu, notamment à Bourges. « La justice tourne, mais de manière peu satisfaisante (…) il y a un moment où le dévouement ne suffit pas » estime Joël Garrigue, procureur au parquet de Bourges. Il souligne le manque de magistrats par rapport au reste de l’Europe. En moyenne, les pays européens comptent un peu plus de 11 magistrats pour 100 000 habitants; en France, cette moyenne chute à 3 magistrats pour 100 000 habitants. « À Bourges, la situation est également très défavorable pour nous puisqu’on est encore en dessous de la moyenne française. Pour simplement l’atteindre, il me faudrait deux magistrat de plus » détaille le procureur.

Joël Garrigue, procureur de Bourges
Joël Garrigue, procureur de Bourges © Radio FranceManon Klein

« On arrive à s’adapter, mais on perd en sérénité, et donc en capacité de juger de manière adaptée, alors que dans le même temps les justiciable sont de plus en plus en demande » estime le président du tribunal de Bourges, Yves-Armand Frassati, qui se dit confiant dans la capacité à se faire entendre de l’exécutif. Il faut dire qu’entre les Etats généraux de la Justice et l’élection présidentielle qui approche, les occasions ne manquent pas en effet de faire remonter les demandes du personnel judiciaire.

Yves-Armand Frassati, président du tribunal de Bourges
Yves-Armand Frassati, président du tribunal de Bourges © Radio FranceManon Klein

Source Google News – Cliquez pour lire l’article original