Miss France, pour nombre d’entre nous, c’est avant-tout une cérémonie télévisée, des défilés en tenues plus ou moins habillées, des chorégraphies, des larmes de joie ou de déception. Mais, pour Osez le Féminisme, tout ceci, paillettes ou non, est surtout un travail. L’association de défense des droits des femmes a donc saisi le conseil des prud’hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour dénoncer des pratiques qu’elle juge contraires au droit du travail. L’audience doit se dérouler ce mardi 21 juin, dans l’après-midi.
« Production commerciale » pour la marque Miss France
Lors de la dernière cérémonie, en décembre 2021, visant à désigner Miss France 2022, les 29 candidates ont, pour la première fois, signé un contrat de travail de trois jours : deux jours de répétitions et un jour de cérémonie retransmise à la télévision. Osez le féminisme voit, dans ce premier pas, une avancée liée à l’annonce de son intention de saisir la justice. Mais regrette un progrès minime : « Les demandes sont la régularisation d’un contrat de travail depuis l’échelon local, pour toute la préparation des spectacles en région, jusqu’à l’élection de Miss France« , détaille Violaine De Filippis-Abate, avocate du collectif. Autrement dit, un contrat qui court dès le concours de Miss régional.
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« Toute l’année, ces femmes travaillent, sont à la disposition de la production pour les interviews, les partenariats avec des marques, les spectacles en région. Et il est quand même utile de préciser que c’est cette marque, Miss France, appartenant à la société Miss France qui, elle-même, appartient à un groupe international présent dans 20 pays. Donc tout ça n’a rien d’un spectacle de kermesse amateur : il s’agit vraiment d’une production commerciale« , ajoute Me De Filippis-Abate. L’avocate souligne que ces candidates ne sont pas couvertes comme salariées en cas d’accident de travail, ou pour définir leurs horaires.
Discrimination à l’embauche
A cette demande vient s’ajouter celle de trois femmes, en tant que personnes physiques, qui estiment avoir été discriminées à l’embauche, en raison des critères pour s’inscrire au concours : pas d’enfant, ne pas avoir été mariée, veiller à sa consommation d’alcool et de tabac en public, mesurer plus d’1m70… « Elles ont dû certifier sur l’honneur et remplir un certain nombre de critères et n’ont donc pas pu, puisque ça aurait été constitutif de faux et usage de faux« , explique Me Filippis-Abate. Ces trois femmes vont donc demander 1€ symbolique de dommages et intérêts, ainsi que la suppression de toutes les clauses jugées discriminatoires.
Contactée par France Inter, la société Miss France refuse, pour sa part, de s’exprimer avant l’audience aux prud’hommes. Mais sa présidente, Alexia Laroche-Joubert, avait déploré, lors d’une conférence de presse en amont de la cérémonie de décembre 2021, un dialogue « impossible« , malgré une tentative, selon elle, de « tendre la main » à l’association. Alexia Laroche-Joubert avait dénoncé « le fait de quelques groupes de néo-féministes » qui portent « un regard condescendant sur un programme populaire » et cherchent à « s’offrir un moment de buzz » et à « tuer le concours« .
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