Placé sous contrôle judiciaire depuis six mois, un homme de 23 ans était convoqué ce vendredi 24 juin 2022 devant le tribunal judiciaire de Brest, pour répondre de faits de violences conjugales commis le 23 janvier à Guipavas.
C’est toujours ainsi : le rappel des faits dès l’ouverture du procès ternit l’image de la personne exposée à la barre. Bien des regards semblent dire : « Encore un ! ». L’impression communie alors avec la rumeur qui serpente à l’extérieur du palais : « Les gens sont de plus en plus dingues ! ». De la sorte, le compte du prévenu vire d’emblée au passif. Il est vrai que la présente affaire décourage les meilleures intentions. Les violences dénoncées par la plaignante, que la voix du président Christophe Subts concrétise, sont accablantes, certificat médical à l’appui. Jet de chaussure dans le dos, plaquage sur le lit, hématomes à une main et insultes, qui valent un jour d’incapacité totale de travail. S’ensuit la lecture des déclarations du mis en cause faites dans le contexte délicat d’une garde à vue. Il conteste, mais, çà et là, une contradiction apparaît sur le procès-verbal signé par ses soins. En somme, tout pèse sur ce dernier, de la vraisemblance d’une enquête à la solennité des lieux. À lui cependant de s’expliquer au milieu du prétoire ! Aux questions rodées du magistrat, le ton des réponses n’est pas continûment juste. Reste un faisceau d’indices qui s’esquisse. Et le doute de s’installer.
« Le doute raisonnable ».
Les violences alléguées ne correspondent pas aux constats du rapport médical. Tenu à une obligation de neutralité, le juge en convient.
Puis les problèmes psychologiques de la plaignante sont mis en exergue. Elle n’est pas présente à l’audience pour le contredire, et n’a même pas adressé un courrier. Le bilan du jeune homme passe-t-il au vert ? Non, pas pour la représentante du parquet, soucieuse de s’en tenir au dossier présenté. Elle requiert un stage de sensibilisation aux violences conjugales sous peine de quatre mois de prison. Au pied de son estrade, le déficit du prévenu se creuse. Surgit enfin le conseil du jeune homme, lunettes suspendues au front, Me Ronan Appéré. C’est le temps de la défense, celui de la synthèse des débats et celui de la remise en cause des idées reçues. Tout passe à la moulinette du plaideur : le certificat médical, les déclarations de chacun, l’absence et la santé mentale de la plaignante… Le dernier mot « le doute raisonnable » à peine prononcé, du siège de la présidence tombe le mot : relaxe ! Il est reçu pour solde de tout compte.
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