Quatre infractions sont reprochées au masseur-kinésithérapeute de 62 ans, récemment retraité, qui se présente ce mardi devant le tribunal judiciaire de Brest. Il lui est reproché d’avoir, dans une commune de la région brestoise, de mai 2019 à juillet 2020, commis : un vol, deux escroqueries et un exercice illégal de la profession de masseur-kinésithérapeute. S’il ne conteste pas les faits, le sexagénaire entend expliquer la cause de « sa descente aux enfers ».

L’alcool a tout détruit

Avec le soutien d’une béquille au milieu du prétoire, le prévenu trouve le courage d’avouer enfin aux magistrats : « J’étais alcoolique, et l’alcool a détruit mes vies professionnelle, sentimentale et relationnelle ». Oui, il a dérobé la carte bancaire d’une patiente pour l’achat sans contact d’une bouteille de gin : « Il me fallait ma dose du matin et je n’avais plus un sou ! ». Oui, il a exercé illégalement sa profession alors qu’il était suspendu par ses pairs. Oui encore, son casier judiciaire compte sept condamnations principalement liées à l’addiction. Oui une fois pour toutes, il est abstinent depuis un an au terme de plusieurs cures. Éligible à la retraite depuis un mois, il vit désormais chez ses parents. Dans la salle d’audience, son père âgé de 90 ans écoute le déballage de la vie en zigzag de son fils. Il n’est pas le seul, un représentant de l’ordre professionnel ajoute à la barre une parole consolante : « Aujourd’hui, il se retire honorablement ». Attentifs, les juges paraissent acquiescer.

Une plaidoirie d’urgence pour un jugement thérapeutique

Jaillit dès lors la voix de la représentante du parquet, Guillemette Saillard : « Pour ma part, je vais avoir un regard plus sévère ». Et d’énumérer les incidents jalonnant cette carrière qui s’achève par une suspension. Sous l’empire de l’alcool, il avait notamment dit à une patiente « Maintenant, je vais vous faire jouir ! »…?Sans oublier le vol et autres manœuvres frauduleuses. Ces réquisitions aboutissent à une demande cassante : un emprisonnement de sept mois augmenté de la révocation des sursis en cours. L’avocat de la défense, Me Ronan Appéré, doit relever le défi. Il déplore « ne pas avoir entendu parler de déchéance morale et physique en raison du mal alcoolique ». « Il n’exerçait plus avec discernement », répète le plaideur, avant de tonner : « Dans ce carré de vie résiduel, on voudrait mettre des barreaux ? ». Non, répond la juridiction en condamnant son client à neuf mois de prison avec un sursis probatoire de deux ans. Que le masseur retraité poursuive dorénavant ses propres soins sous l’œil de la Justice !

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