La première phase d’une procédure opposant onze ONG et le groupe Casino a débuté ce jeudi au Tribunal judiciaire de Paris. Les associations reprochent au groupe de « manquer à son devoir de vigilance dans son approvisionnement en viande bovine » au Brésil et en Colombie. Le tribunal a proposé une médiation aux deux parties. Cette décision satisfait le groupe Casino.
La procédure civile contre l’enseigne Casino a repris ce jeudi en début d’après-midi. Initiée à Saint-Étienne, l’affaire a été transmise au Tribunal judiciaire de Paris. En mars 2021, onze ONG ont assigné le groupe en justice. Ils dénoncent un « manquement à son devoir de vigilance dans son approvisionnement en viande bovine au Brésil et en Colombie ». Selon les éléments d’enquête apportés par l’association Envol Vert, ces produits seraient issus de la déforestation de la forêt amazonienne. Les conditions de vie des peuples autochtones seraient également impactées.
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« Dans ses filiales au Brésil et en Colombie se trouvent, selon l’enquête, de la viande de bœuf qui provient d’abattoirs qui se fournissent eux-même auprès de fermes qui participent directement à la déforestation de l Amazonie et à l’envahissement de territoires autochtones », a résumé Me Sébastien Mabille, avocat chez Seattle Avocats. Ces pratiques engendrent des émissions de gaz à effet de serre et contribuent donc au réchauffement climatique. L’avocat a confirmé la demande de dommages et intérêts au groupe Casino.
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À l’ouverture du procès, des représentants de l’articulation des peuples autochtones du Brésil (APIB) étaient à Paris pour témoigner. Lors de cette première audience, le tribunal a proposé une médiation judiciaire entre les deux parties. Les avocats représentants des ONG et du groupe Casino doivent se rencontrer en juillet pour échanger sur cette possibilité de médiation. A défaut, l’audience reprendra le 15 septembre prochain.
Des représentants autochtones témoignent
Au-delà de cette décision, cette première audience devait déterminer le calendrier d’instruction. « Il y a une énorme urgence au Brésil, avec une déforestation très importante alors que la saison sèche n’a même pas encore commencé », a fait savoir Boris Patentreger, directeur de Mighty Earth France. Certaines zones déboisées appartiennent directement aux peuples autochtones dont cinq représentants ont témoigné de leurs « persécutions » sur le parvis. Selon Neidinha Bandeira, militante et présidente de l’Association de défense ethno-environnementale Kanindé, vingt six peuples de terres brésiliennes choisissent « une isolation volontaire » pour échapper à ces violences.
« Nous sommes ici pour vous porter un message au nom de la défense de la vie et de l’environnement. (…) Beaucoup des choses que vous consommez en France dans les supermarchés viennent ici d’une production illégale dans nos territoires. Nous voulons réfléchir avec vous pour que vous puissiez travailler sur une alimentation qui n’implique pas la destruction de nos terres », a déclaré un autre représentant autochtone.
L’avocat de l’APIB, Eloy Terena, dénonce l’actuelle présidence brésilienne de Jair Bolsonaro. Le président du Brésil se positionne « contre les droits des peuples autochtones » avec « un discours de haine qui pousse les incendies de forêts », a-t-il affirmé. Eloy Terena n’a pas encore eu l’occasion d’échanger avec l’avocat qui porte l’affaire au nom des peuples autochtones.
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Casino « satisfait » de cette audience
Alors que se tenait l’audience, le mouvement Extinction Rebellion a organisé une action devant le Tribunal judiciaire de Paris. Deux figurants de la brigade rouge des rebelles défilaient sur le parvis, pendant que d’autres militants affichaient des banderoles « Ecocide = génocide » et « Urgence pour les peuples autochtones ». La démonstration a vite été contrôlée par les forces de l’ordre, faute de déclaration de la manifestation. Ils ont cependant laissé les représentants des peuples autochtones s’exprimer, avant de contrôler l’identité des manifestants.
Sollicité par Natura Sciences, Casino a envoyé un communiqué par SMS. Le groupe se déclare « satisfait » de cette proposition de médiation. « [Cette médiation] va dans le sens de l’esprit de dialogue de Casino qui lutte chaque jour au Brésil contre la déforestation en déployant tous les outils technologiques et légaux a sa disposition et, en collaboration avec les acteurs locaux », a réagit l’enseigne. Le communiqué précise que le groupe « améliore sans cesse sa chaîne d’approvisionnement en matière de viande bovine ». L’avocat et porte-paroles du groupe, Sébastien Shapira, déplore cependant « une communication hostile des demanderesses et contre-productive ».
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